La coupe du monde de foot féminin s’affiche sur tous les écrans tandis que les garçons ont accroché leur deuxième étoile au-dessus du coq.
Ça me revient…
Dimanche 4 juillet 1982, nous fêtons l’anniversaire de mariage de mes grands-parents. Le repas se termine sous la chaleur, les femmes débarrassent à la va-vite la table de la salle à manger afin que les hommes (papi, son frère, mon père et mon frère) jouent à la belote. Mes coussins s’aspergent d’eau avec le tuyau d’arrosage sur la pelouse. Un petit groupe cancane assis sur des pliants à l’ombre des bouleaux. Mais dans le salon, l’heure est grave. Mon oncle hausse le son de la télé. « Coupe du monde, mundial 82 ! » la France rencontre L’Irlande du Nord. Il est le seul passionné. Je m’approche ruisselant de sueur. Je m’installe dans un fauteuil, un ballon de foot en cuir entre les mains, râpé, usé aux coutures, limé jusqu’à la moelle. Platini, Giresse, Rocheteau et les autres entrent sur le terrain. « Va me chercher du rosé ! » Tonton a soif. Au pas de course, je récupère dans le frigo une bouteille à peine entamée qui se couvre de buée, j’en profite pour prendre mon Tesseire à la grenadine et des glaçons.
Coup d’envoi. L’intensité monte, la descente est rapide. Il s’enhardit ; nous crions. But de Giresse. 1-0 pour la France à la pause. Alors, il se lève solennelle et fait une promesse devant les joueurs de cartes : « si la France va en finale, on part ensemble en Espagne voir le match. » Et tous le croient, car il avait l’habitude de partir avec sa caravane suivre toutes les étapes du tour de France dans les Pyrénées, juste derrière l’Espagne. Une victoire française scelle la fin du match par un 4 à 0. Je suis content, mais inquiet. Il restera après ce match, la demie finale le 8 juillet. Tonton me quitte en me confiant : « jeudi soir, je sors la caravane ! »
Le jeudi soir, pour une fois, nous sommes au complet devant le tube cathodique pour un match de foot et pour savoir s’il faut faire ma valise… L’enjeu est terrible une place en finale et la promesse de tonton pour un voyage en Espagne direction le stade de Madrid.
Pour le moment, l’équipe de France affronte les Allemands à Séville. L’heure de vérité pour les bleus ! Cela commence mal, ils nous mettent un but, 1-0. Puis le drame, Battiston se fait descendre par le V2 lancé à pleine vitesse nommé Schumacher. Longues minutes d’attente, puis la sortie sur civière, l’arbitre siffle une simple remise en jeu. Pas de faute ! La France a un pied-à-terre, le moral dans les chaussettes et les crampons abattus. Mon frère et moi hurlons : «c’est dégueulasse !» Thierry Roland amplifie le drame avec sa voix nasillarde et nous partageons son dégoût vis-à-vis de l’arbitrage. L’Espagne s’éloigne pour moi. Puis l’égalisation sur pénalty, transformé par Platini. Prolongation. Giresse et Trésor marquent de splendide manière, je retrouve le chemin de Madrid. Il est tard. Deux buts d’avance, c’est du gagné. Ma mère se lève et va se coucher, elle songe sûrement aux bagages. Viva España ! Entrée de Rummennige et c’est la catastrophe, il marque, encourage ses coéquipiers, but sur but allemand. Égalisation de Fischer.
Tir au but. Maxime Bossis (l’enfant du pays – Vendéen) loupe et s’agenouille. Allemagne gagne grâce au dernier tir et je ne vais pas en Espagne… mais quel match !
Cette demi-finale perdue nous a permis de gagner le championnat d’Europe en 1984 ! Ça s’appelle prendre de l’expérience ! Je me rappelle le match honteux Allemagne Autriche et Gentile qui avait massacré Maradona et Zico sans le moindre carton mais cette soirée de Séville quel souvenir !!
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J’aime lire tes souvenirs… même si je ne connais rien au foot et n’ai aucun intérêt pour ce sport de primitifs. Même de millionnaires illettrés! Désolé.
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Ach Battiston! Le teuton assassin dans sa cage honni par la France entière ! Que de souvenirs ! 🥅
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Encore un bien beau souvenir, écrit en mots choisis, sensibles! Bravo!
Excellent weekend.
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Je n’avais pas de carotte au bout du match mais je l’ai regardé aussi.
Je me souviens que Battiston se mariait le lendemain ou le surlendemain et il avait fallu lui trouver un dentiste rapidement.
j’entends encore Thierry Roland, ça a failli lui couter cher !
Bon été !
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deux buts d’avance, ils ont failli gagner !!! snif !!!
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Il faut quand même applaudir la rage de vaincre et le mental d’acier de l’équipe Allemande sur ce match…
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Je n’aimais déjà pas trop le foot en 82 mais je me souviens de notre réaction à tous ce jour-là ! ^^ Merci pour ce souvenir…
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Rhôôô je m’en souviens encore de ce match, c’était encore l’époque où le foot était un sport et non une planche à billets.
J’ai détesté Schumacher ce jour-là et je crois que je ne l’ai toujours pas pardonné ^^ c’était délibéré, il a visé Battiston
Mais celui qui me met en colère encore aujourd’hui c’est l’arbitre, il n’a rien vu certes mais ne s’est pas tourné vers les autres arbitres pour en savoir plus. On a l’impression que c’est volontaire de sa part. C’est Marius Trésor qui s’était interrogé sur le pourquoi un arbitre Hollandais alors que la France venait de battre la Hollande … Bref rien que d’y repenser je m’énerve … ça a été un beau gâchis et le français qui ont vécu ce match (et pas seulement eux) garderont de cette demie-finale pas la tristesse d’avoir perdu mais celle d’avoir été floué.
Faudra que tu te rapelles des Verts maintenant c’était la même époque et en regardant la vidéo, j’en reviens pas de ce que Platini était tout freluquet ^^
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J’en avais pas dormi
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Oui, quel déception !
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