Je plante un clou.
Ça me revient
Le maître du CM1 nous demande pour la semaine prochaine de nous munir d’une planche de contre-plaqué peinte en noir, de coton perlé et d’un marteau pour les travaux manuels. Quel bonheur, l’aubaine est trop belle ! Ni une, ni deux, le samedi suivant, mon grand frère et moi, nous nous rendons chez le quincaillier. Nous parcourons, le cœur frétillant, les rayons de vis, de boulons, de tuyaux en laiton. Une agréable odeur de fer se dégage de cet entrepôt. Du côté de la menuiserie, la sciure au parfum de pin nous enchante. Le vendeur, en blouse grise, nous débite un carré de 30 x 30 cm, son crayon de bois coincé derrière l’oreille. Il nous fournit la peinture : un noir mat pour tableau. Nous achetons un marteau adapté à ma taille. Fou de joie, je trépigne derrière le comptoir. Pendant, ce temps à la mercerie, ma mère achète la bobine de coton (du mauve), il n’y a plus de jaune d’or.
Le lundi après-midi, l’instituteur nous demande de choisir un motif et de le décalquer sur notre planche. Que prendre ? Un papillon, une mouette, une fleur ou une figure géométrique. J’opte pour une sorte de kangourou ! À intervalle régulier, nous pointons les clous à tête ronde à l’aide de nos marteaux. Vacarme assourdissant, ambiance joyeuse. Durant la semaine, le travail se poursuit avec le tissage du fil qui serpente entre les pointes. Le nœud final scelle l’ouvrage, confirme le chef-d’œuvre. Le tableau trône désormais au-dessus du lit.
Quel beau texte…
et comme je me sens proche de cette évocation…
Pour moi ça a été des fleurs en tige de laiton et aux pétales de laiton que venaient entourer des bas! des bas de femmes! alors j’arpentais le village pour trouver des bas de différentes couleurs qui feraient ces fleurs multicolores que j’irais offrir ensuite…
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Merci ! Je me souviens de ces fleurs en laiton torsadé. A ceci près, l’instit les trempait dans un liquide savonneux de différentes couleurs qui durcissait. L’effet était merveilleux.
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ah je ne savais pas ça…
Pour un peu, j’aurais envie d’en refaire…
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c’est évocateur et bien ficelé (avec un cordon mauve, bien que le jaune semblât plus adapté, mais le bleu n’est pas mal non plus -mais réservé à maman, excellente cuisinière!-!).
En parallèle, côté clou et marteau, cela m’évoque le poème de Charles Cros, « le hareng saur ». que voici:
« Le hareng saur
Il était un grand mur blanc – nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle – haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur – sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains – sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou – pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle – gros, gros, gros.
Alors il monte à l’échelle – haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu – toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc – nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau – qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle – longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur – sec, sec, sec,
Il redescend de l’échelle – haute, haute, haute,
L’emporte avec le marteau – lourd, lourd, lourd ;
Et puis, il s’en va ailleurs, – loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur – sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle – longue, longue, longue,
Très lentement se balance – toujours, toujours, toujours.
J’ai composé cette histoire, – simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens – graves, graves, graves,
Et amuser les enfants – petits, petits, petits.
Charles Cros
Le Coffret de santal »
source : http://www.cave-a-poemes.org/page.php?id=1
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Merci pour ce supplément poétique.
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Moi c’est mon grand frère qui a fait un tableau de fils, c’était un bateau et il était en 6è …
moi je n’en ai jamais fait 😦
… en tous cas bravo pour ton article très émouvant 🙂
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Merci ! En 6è je passais au macramé.
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il y avait du niveau chapeau ! 🙂
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Beau souvenir ☺ merci
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De rien… Merci à vous !
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Pas certain que les clous et marteau soient encore autorisé à l’école…
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C’est clair ! Il ne faudrait pas armer les enfants.
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C’est surtout pour les petits doigts que je m’inquiète !
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Oh oui, je me souviens. On en voyait partout.
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Oui, c’était très tendance.
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Votre article me rappelle que j’ai fait moi aussi un tableau de cette façon quand j’étais enfant – beau souvenir 🙂
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Avez-vous gardé le votre car le mien a disparu un jour de ménage de printemps ?
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Je ne sais pas du tout ce qu’il est devenu, peut-être que ma mère l’a gardé …
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Bonjour,Christophe je suis passé aussi par la, c’ était assez chouette comme travail manuel, une expérience peut être un jour à revivre lol mais je suis un peu encore à la traîne avec la couture de mes propres vêtements donc priorité hi hi hi excellent article ..de beaux souvenirs ..Merci de partager cela … Bonne continuation Joshadel
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Tiens moi c’était en 6 eme que j’ai tendu des fils sur un tableau.
Par contre, nous le prof de TP nous avait fait travailler sur du carton d’emballage et l’on avait fait des trous pour passer le fil… C’était très moche, la peinture faisait gondoler le carton mais qu’est-ce que j’avais été fière de l’offrir à ma mère pour la fête des mères… Il avait pour une année trouvée place avec celui de mon frère dans son bureau au boulot… C’était gagnant gagnant, mon frère et moi étions très fier d’être « exposés » et ma mère ne supportait ce supplice que quelques heures par jour et une seule année 😉
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