Timbres-poste, la collection

Je cadre dans l’écran de mon smartphone un paysage. Clic ! Je choisis mes destinataires, j’ajoute un rapide commentaire. Et hop, mon message est expédié ! Adieu cartes postales, timbres-poste. Fini les collections d’antan.

Ça me revient…

Dimanche, après le déjeuner, je monte au grenier de mes grands-parents avec mon frère. Dans la pénombre, nous avançons précautionneusement entre les piles de journaux branlantes stockées depuis les années Trente. La poussière se soulève, nous enveloppe, nous pique les yeux, nous prend à la gorge. Les hautes armoires se postent le long des murs en gardienne du temps. Le plancher craque sous nos pieds. Les toiles d’araignée accrochées à la pierre vibrent à notre approche. Autour de nous, les antiques tables vermoulues croulent sous les correspondances soigneusement classées par années. Le courrier s’aligne depuis des décennies. Les enveloppes sont de tous types, avec un liseré noir pour les faire-part, un liseré bleu, blanc, rouge pour celles dites airmail ; les cartes postales se distinguent par une photo en noir et blanc pour des nouvelles plus légères. Peu importe la littérature, nous nous intéressons aux timbres-poste. Alors commence les fouilles, la chasse au trésor, les Marianne et les beaux timbres plus imposants, plus colorés. « Regarde ! Celui-là, on l’a pas ! » Vite, avec avidité nous découpons avec soin le support. Surtout, ne pas édenter notre trouvaille, elle perdrait de sa valeur. Nous jubilons ! De retour à la lumière, sur la grande table de la cuisine, s’opère l’action la plus délicate : décoller les timbres. Dans un imposant bol (Digoin) à mémé rempli d’eau jusqu’à ras bord, nous déposons une par une les pièces de notre butin. Le liquide les détrempe. Le nez piqué sur la toile cirée, nous guettons l’instant crucial. La colle libère les pépites de papier de leur gangue. Du bout, des doigts nous faisons glisser, chaque timbre. La dernière étape, le séchage ! L’idée astucieuse de mon frère : confectionner, à l’échelle lilliputienne, une corde à linge, plus exactement à timbre ; une planchette d’isorel sur laquelle s’opposent deux rangées de clous reliés par un fil de cuisine dans un aller-retour. L’étendoir ressemble à une cithare. Les timbres s’alignent, face imprimée sur la cordelette pour ne pas coller. Chacun souffle à son tour pour accélérer l’évaporation. La moisson se révèle fructueuse. En bon philatéliste, le classeur qui nous a suivis est enrichi dans l’immédiateté. Chaque page possède son thème : personnages célèbres, lieux, surtaxes, faune et flore… Ainsi, je pose un visage sur des rois de France, des présidents, découvre des explorateurs, des inventeurs, des écrivains, de magnifiques oeuvres d’art. Chaque soir avant de m’endormir, j’admire ces vignettes comme autant de tableaux miniatures.

Classeur de mon enfance

22 réflexions sur « Timbres-poste, la collection »

  1. De retour en philatélie ! Quel plaisir de lire à nouveau une ces belles madeleines qui me rappelle aussi mes jeunes années et feu mon grand-père, philatéliste acharné. C’est bien simple, des timbres on en trouvait à tous les étages chez lui, de la cave au grenier. Moi aussi j’avais mon petit album, avec quelques images du monde entier. Lui, c’était surtout du timbre français, de toutes les couleurs, avec une Marianne déclinée ad libitum, oblitérée ou édentée, rouge, verte, warholisée… Que de souvenirs.

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  2. Bonsoir Christophe. J’ai presque les mêmes souvenirs et ai râlé sur un copain qui envoie des cartes faites en ligne avec des timbres imprimés, pareilles pour tout le monde: ça coûte cher et je n’aime pas. je préfère encore une photo par mail avec un p’tit mot sympa mais personnalisé.
    J’envoie encore quelques cartes postales, choisies soigneusement et remplie en fonction de la personne.
    Plus jeune, j’achetais des papiers fantaisies pour échanger avec les copines pendant les vacances, ça me manque mais grâce à toi, ça me revient 👍

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  3. tant de belles choses et tant d’occupations « saines » disparaissent hélas ! les cartes de voeux, les cartes de vacances (qui font une faible résistance, mais bon) , les flammes philatéliques qui racontaient leur époque …….. quel dommage pour nos petiots !

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  4. Un de mes frères collectionnait les « premiers jours ». J’ai aussi des albums dans un meuble et achète de très jolis timbres qui sont hélas, adhésifs, pour différents courriers. Les plus moches d’entre eux, c’est pour les administrations ! mais virtuellement je leur tire quand même la langue…

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  5. Rhooo tu as découpé les cartes postales !!! Moi je gardais les cartes postales et je donnais à mon frère les enveloppes pour les timbres les timbres sur les cartes restaient « pour moi ». Je les rangeais dans des boites à biscuit en fer par pays et dans la boites *France » par ordre alphabétique ^^.
    Et l’été lorsqu’il faisait trop chaud, j’allais regarder mes cartes comme d’autres regardent des albums photos.
    Il y a une dizaine d’année, j’ai croisé une dame qui faisait « une vraie » collection de cartes postales, je lui a donné mes boites et lorsqu’elle a fini de les trier, elle en a gardé 500… Mine de rien j’avais stocké 😛

    Les timbres de mon frère (il a arrêté sa collection au bout d’une paire d’années) a été cédée il y a quelques années au petit-fils de sa compagne qui commençait sa collection de timbre…
    Mais depuis tout ce temps, j’ai toujours gardé deux habitudes envoyer des cartes postales dans des enveloppes timbrées avec des timbres de collection, car les timbres sont très beaux. La seule chose que je regrette c’est que le métier de gravure pour timbre n’existe plus aujoud’hui… Un métier d’art de plus qui se perd

    Merci pour ce joli sujet

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