Je range mon permis de conduire dans un portefeuille.
Ça me revient…
« Avant de traverser, vous devez regarder, d’abord à… ? » Notre instituteur attend une réponse collégiale. « à gauche ! » reprend la classe en cœur, « puis … ? » « à droite ! » poursuit-on. « Très bien ! » Ensuite, il nous explique que les piétons doivent emprunter le côté gauche de la route afin de voir le danger arriver, que les cyclistes doivent tendre le bras pour indiquer un changement de direction. Depuis plusieurs jours, notre maître nous rabâche le B-A-BA du Code de la route. Il accroche au tableau noir une affiche des différents panneaux : ronds, triangulaires, avec un fond bleu ou rouge… très loin de ceux du jeu des mille bornes que je maîtrise parfaitement. Nous allons bientôt participer à un concours national de la prévention routière.
Un matin, nous embarquons dans un bus qui nous transporte jusqu’à une salle omnisports en tôles ondulées. Excités, nous pénétrons dans le hangar. Nous découvrons un circuit enrichi de panneaux de signalisation. Dans le fond, une enfilade de vélos stationne et surtout une batterie de quatre voitures à pédales. Les garçons n’ont d’yeux que pour ces bolides, déjà dans leur tête le choix s’opère en fonction de la couleur. Un agent de la circulation en uniforme nous explique pendant ce temps le but du jeu, puis conclut : « c’est parti ! » Tous les garçons se précipitent sur les kartings, se bousculent, s’empoignent. Force et opiniâtreté seront récompensées. Les filles s’attribuent sans heurts les plus belles bicyclettes. Vaincu, je me contente d’un vieux rogaton. Un malheureux minivélo beige à la triste mine, avec des pneus blancs, moucheté de rouille, mais très maniable au final. En souffrance et contrarié, j’observe envieux mes camarades à quatre roues. Inévitablement, ils se comportent en chauffard, zigzaguent, pédalent à vive allure, tamponnent les vélos des filles qui marquent l’arrêt au feu. « Monsieur, les garçons nous embêtent ! » Le chahut est contagieux. Le maître intervient, gronde, peste. De retour à l’école, il remet à certains leur attestation de sécurité routière. Il nous annonce que parmi nous seul un élève est qualifié pour la finale. Il me regarde !
La semaine s’écoule, le jour de la finale est arrivé. Rendez-vous toujours la salle omnisports ! Je suis entouré d’enfants des autres écoles de la ville que je ne connais pas. Le même discours du même agent. Le GO de départ est sifflé. Je remarque et me précipite vers mon vieux biclou qui m’attendait sur la piste. Superstition ? Les mètres défilent sous les pédales. Tout coup, le chef de piste en képi comme un policier s’avance vers moi. « Toi ! » Mon cœur bat. Muet, je m’arrête. « Tu vas prendre la voiture à pédales, ta camarade n’arrive pas la faire avancer ! » Chouette… mais dès le démarrage, je m’aperçois qu’entre les mains j’ai un tank à piloter. Il me faut quelques tours de pédalier avant d’arriver à rectifier la trajectoire qui tire sur la voie de gauche et me fait mordre les lignes. Je comprends pourquoi les copains faisaient les « zozos » ! L’engin a aussi du mal à stopper, je freine avec les pieds, je ne maîtrise pas le rétropédalage. La fin de l’examen est sifflée. Nous attendons les résultats. Première, avec plein de cadeaux, ma bicyclette et sa chipie capricieuse. Je termine cependant à la septième place avec en récompense, un porte-clés en cuir ! M’enfiche, j’ai conduit un karting…
J’en suis tout essoufflé car je n’ai pas ménagé mes efforts pour te suivre sur ton kart capricieux qui n’était en fait qu’un piège. Bon, je reprend mon souffle, mes pulsations sont en train de revenir à la normale et je peux enfin te remercier de m’avoir fait passer un bon moment. Comme d’hab!
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Merci. A bientôt !
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Bonjour Christophe,
Ah oui, ça me revient ! Excellent, j’ avais complètement oublié les petites voitures à pédales et les vélos, sur ce circuit miniature où il y avait des feux tricolores, des passages piétons, et des panneaux, tout comme sur la vraie route grandeur nature ! Merci à toi. Mais une question me taraude, les diapos collector viennent d’où ?
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Merci. Le certificat en photo est le men, je n’ai pas mis l’autre face… par discrétion. Quand aux diapos, j’ai fouillé sur le net et le hasard m’a bien aider.
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bonsoir. Ok . En tout cas c’est super. Ton texte m’ a replongé dans une partie de mon enfance que j’ avais oublié.
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Rendez-vous toujours la salle omnisports. » Soit il manque un point d’exclamation et tu personnifies la salle omnisport, soit un adverbe, »à » mais ton texte encore une fois ne manque pas d’allure.
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Merci Vincent, je rajoute un point d’exclamation.
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En fait, ce qui me chagrine, c’est qu’il n’y a pas de verbe dans cette proposition. Peut-être est-ce moi qui fait une mauvaise lecture de ta phrase, ça m’arrive souvent à propos de mes propres textes, aussi je demande à quelqu’un d’autre de les lire. Je vois que tu ne te vexes pas que je mette mon grain de sel dans tes affaires, alors je continue, Le rendez-vous est toujours à la salle omnisport. Ici « rendez-vous » est utilisé en tant que nom. Rendez-vous toujours à la salle omnisport ! Cette fois-ci, c’est un verbe à l’impératif et c’est quelqu’un qui parle, donc il faudrait mettre des guillemets. Je souris en écrivant cela parce que j’imagine mon instit du CM2 et ceux qui l’ont précédé d’ailleurs, me voir chipoter sur des questions de français, j’étais un cancre et ce que j’étais sensé apprendre à l’école me passait bien au-dessus.
https://misquette.wordpress.com/2014/12/12/111-le-cerveau-du-maitre/
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Bonjour Christophe,
Came évident aussi, nous avions un parvours aménagé dans la cour de récréation avec des feux, des stops, ect. C’était très amusant. Ton vélo devait être magique !
Merci. Pour le partage !
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Bonjour Nadia,
Merci pour ton commentaire. Magique ! Troublant de remarquer que la concurrente qui m’a échangé ce vélo s’appelait… Christelle !!!
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Troublant, en effet ! Désolée pour le faute, j’ai écrit un peu vite. Belle journée à toi ! 🙂
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Il me manque le s pour les fautes ! 😉
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Ça pédalait dur à cette époque ! Et sans casque ou ceinture de sécurité !
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Les « Easy rider » en culotte courte !
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Si tu avais pu garder ton vieux vélo tu aurais gagné peut-être !
Ah les filles !!!
Je n’ai pas eu droit à ça mais en 1977 j’étais déjà mariée depuis 7 ans.
Bonne fin de semaine.
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Merci. Les filles sont plus prudentes sur la route et moins fan de vitesse !!! Bonne semaine Claudie.
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j’avais oublié !!!! nous avions un parcours scolaire parsemé de petites épreuves et de petits diplômes ! je me souviens avoir obtenu un « brevet sportif » que, même à postériori, je déclare improbable ! Merci de ces évocations !
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Merci. As-tu gardé ce diplôme !
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je devrais le retrouver dans les archives familiales à priori 😀
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Je me souviens de cette épreuve aussi, mais il me semble que c’était avec de vrais gendarmes à l’époque, sur des karts, un circuit, des panneaux et un brevet à la fin! Souvenir ツ
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c’est ce qu’on appellerait la vraie vie ! de vrais gendarmes, de vrais kart-kart qui roulent au diesel, mais pas encore de radars, et un PV à la fin ! (gasp!)
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Oui, c’était de vrais gendarmes et je me souviens que ça m’impressionnait un peu avec leur képi.
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Quel charmant souvenir ! Et ça m’a rappelé que moi aussi je l’avais passé, mais mes souvenirs sont beaucoup plus vagues que les tiens…
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Merci. Au dos de ma carte (en photo) il y a les ponts de l’épreuve théorique et pratique. Je ne me souviens pas de la partie théorique… !!!??? Sûrement moins passionnante…
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Je n’ai jamais passé ce genre d’épreuves à l’école. Peut-être que ça n’existait pas encore ou que ça ne figurait pas au programme en Belgique.
Quoi qu’il en soit, j’aime bien tes souvenirs, merci de les partager.
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Merci. Je crois qu’ils ont organiser ce genre d’épreuve car sur les routes françaises de l’époque c’était une hécatombe… D’où le besoin de nous éduquer !!!
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heureusement que ça existe toujours !! … mais c’était mieux dans les années 70 pour faire les zozos avec les voitures à pédales ! hi hi
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Bientôt avec les voitures autonomes, plus de conducteur, plus de permis, plus de code de la route… Plus soucis…
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plus de soucis c’est vite dit hi hi
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Pfff t’as dû sacrément souffrir, mais ça t’as fait les mollets :).
J’ai dû avoir le même moniteur mais des années avant pour apprendre le code de la route pour mon permis pour conduire une « vraie voiture » … mais guère mieux que ta voiture à pédale. Ma titine était une 2 CV de 1949 dont les essuies glaces fonctionnaient plus ou moins vite en fonction de la vitesse où l’on roulait 😀
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Oui, pas évident de piloter un tel engin. Ils auraient pu graisser la chaîne ! Je n’ai jamais conduit de 2CV, je l’ajoute dans ma liste des choses à faire !!!
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bonjour !
à mon époque, les passages cloutés existaient encore , ils sont remplacés depuis par des passages protégés et les simples règles de code de la route de l’époque me restent encore tjrs en tête … nous ne roulions pas côte à côte en vélo , et comme tu l’écris « les piétons doivent emprunter le côté gauche de la route afin de voir le danger arriver, faut tendre le bras quand on veut tourner » etc…
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Merci. Je me souviens aussi de quelques passages avec des clous énormes remplacés par de la peinture (jaune à l’époque !?)
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Est-ce que ce monde a vraiment existé ? Le bonheur qui se dégage de vos récits et de vos images me fait douter : ne serais-je pas atteinte du syndrome de l’héroïne de « Good bye Lenin », pour qui seuls les cornichons de la DDR avaient du goût. Pour moi, la 2CV reste la seule voiture digne d’attachement. Mais voilà que je sombre dans la nostalgie, moi qui m’y suis toujours refusé. Tout à coup, ça me revient, les efforts pour faire avancer la voiture à pédales contre le vent de la mer du Nord sur la digue de La Panne… « Le vent de Belgique – Transportait de la musique – Des flonflons à la française – Des fancy-fair à la fraise »…
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Merci. Votre commentaire est touchant !
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