Lendit - fête des écoles - 1970

Dimanche, c’est lendit !

Au mois de juin, les fêtes des écoles fleurissent dans la ville.

Ça me revient…

En début d’après-midi, la directrice de l’école juche sur le rebord de sa fenêtre le haut-parleur d’un électrophone. Un air joyeux s’élève dans le ciel bleu. À l’ombre des tilleuls, les trois classes défilent au pas cadencé dans la cour. Il fait chaud. Les institutrices nous jaugent, scrutent, surveillent l’alignement. Plus petit que mes amis, je marche sur la pointe des pieds, je veux rester dans le rang. Je n’ai pas le niveau, je suis déclassé malgré tous mes efforts. Je suis relégué chez les petits et les filles. Ça me peine. La directrice crie : « et 1 et 2 et 3 ». On sautille sur place. Elle frappe des mains. « Demi-tour à gauche ! » Je n’aime pas danser, je m’emmêle les pieds. Je confonds ma droite de ma gauche. Ce n’est pas gagné ! Les filles s’en tirent bien. Les copains chahutent, se font gronder.

Dernier dimanche de juin, le grand jour est arrivé. Toutes les écoles de la ville sont rassemblées sur la place du marché, à côté du kiosque à musique. C’est magnifique. On est tous vêtu de blanc. Blanc le polo avec le petit crocodile vert sur la poitrine, blanc le short bouffant, blanches les socquettes au liseré tricolore et blanches les tennis en toile aux semelles de plastique. Nos mères émues donnent le dernier coup de peigne avant de nous abandonner pour le grand défilé jusqu’au stade. Au pas de soldat, nous quittons les majestueux marronniers qui abritent les vieillards somnolents sur leur banc.

L’imposant carré de pelouse verte nous accueille. Dans les gradins, le maire au milieu de la foule nous observe. Les adultes applaudissent. On se regarde fier, le torse se redresse, le port est noble, la sueur est chaude. Le terrain est recouvert de blanc. Nous nous alignons le bras tendu comme un salut. Les haut-parleurs nasonnent, nous reconnaissons la mélodie. Les petits automates éclatants se déclenchent et dansent. La directrice montre le tempo. La musique s’évanouit, on garde la pose. Le silence, puis les bravos couvrent les soupirs, effacent les petits bobos et la fatigue. On est content d’en avoir fini.

Nos mères nous récupèrent. Nos pères terminent à la buvette et nous à la pêche à la ligne pour attraper un vulgaire cadeau en plastique mou enrobé dans du papier journal qu’on trainera jusqu’au soir.

Nous méritons bien nos grandes vacances !

 

Lendit-1971
Disque 33T pour le lendit
focus-fetedelajeunesse
Petite pyramide
lendit-sautille
Fiche technique d’une figure

30 réflexions sur « Dimanche, c’est lendit ! »

  1. je me souviens qu’ensuite il y avait les épreuves de sport (course à pied, lancer du poids, saut en hauteur et longueur. Je me souviens aussi que j’étais nul (car grassouillet) en sport! Un gros carré de chocolat, une tranche de pain et une orange comme trophée, pour tous.

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  2. Coucou,
    je détestais cet d’évènement, une journée à la gloire de l’activité physique!
    J’étais nulle aussi, j’avais la boule au ventre toute la journée…
    Et quand je vois que cela se déroule encore dans notre ville, j’hallucine…
    merci pour ce souvenir
    Bonne soirée, tranquille sur mon canapé😌

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  3. Bonjour,
    Une photo me reste, dans les arènes de ma ville natale. Une chance, un brin trop jeune, j’étais dans les gradins ! Et le spectacle n’a pas éveillé en moi la moindre vocation sportive !!

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  4. merci pour ce tout joli tout beau souvenir, ça me fait revenir la journée sport interclasses pour moi c’était au collège, pas de défilé, mais des compétitions d’athlétisme et sports collectifs entre classes, et vive les vacances !!

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    1. Merci à toi. Oui je me souviens de ces « compétitions ». J’aimais bien. Il y avait les épreuves d’athlétisme régionales, départementales et nationales. On partait en bus, avec les profs de sports, pendant des heures pour une épreuve de quelques minutes ou de quelques secondes.

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  5. à mon époque, nous n’avions pas de tee-shirt avec la marque du crocodile, pas de défilé de fin d’année e; nous c’était le tilleul qui fallait récolté des branches qu’un homme coupait dans l’arbre. Ce tilleul était réservé à la pharmacie.et les filles n’étaient pas mélangés aux garçons. Heureusement cette époque est révolue j’aime beaucoup vos récits qui nous ramène un peu en arrière. Un petit peu de nostalgie fait du bien vu l’époque que nous vivons. Nous étions disciplinés.

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    1. Je me souviens que la mixité était toute récente. Entre copains de vacances, on se demandait : « y a des filles dans ton école ? » Le mélange s’opérait en douceur.
      L’instit avait le droit de nous décoller les oreilles, et de nous mettre la tête sous le robinet d’eau froide. Très dissuasif !

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    2. Pareil pour moi et mes camarades: on ramassait le tillleul qui partait… je ne sais où, peut-être en vente pour rapporter un peu d’argent à l’école? En tout cas, j’ai le net souvenir d’une cour parfumée par ses arbres.

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  6. Wow ! Oh oui, ça me revient… Le super jeu-concours qui consistait à deviner le poids d’un goret, avec le gagnant qui repartait avec l’animal sous le bras, dès les festivités terminées !
    C’était ça ou alors, dézinguer des boites de conserves empilées en pyramide, avec des vieilles chaussettes roulées en boule, entre les représentations scéniques (sensément comiques) de chaque classe !

    Encore un fabuleux voyage dans la machine à remonter le temps, merci bien pour ce moment.

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  7. L’épreuve que je redoutais, je ne retenais ni les gestes ni le rythme, mes seules consolations étant de me retrouver toute de blanc vêtue pour l’occasion, couleur que ma mère détestait et que donc je ne portais jamais et de déclencher l’hilarité dans les gradins, expérimentant avec un certain flegme le fait que le ridicule ne tue pas.
    Joli récit qui fait remonter bien des souvenirs.

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